Ma tête pleine de musique, les sons se bousculent, je suis faite de sons, comme je suis faite de traits, poussiéreux, compacts, tellement fragiles, le tracé me traverse en un seul mouvement, il balance, mon axe se décentre, le temps change.
Le vent a tourné, il souffle doucement dans mes cheveux, et me soulève vers l’inconnu. Tu es l’étrange, le noir du ciel qui me perturbe dans mon sommeil, plein de clarté le jour, sombre et lent la nuit. Je me retourne, tourne, retourne et plonge dans l’obscurité de mon abîme, du tien.
Comme on est fait seulement de l’infiniment petit, l’infiniment grand est en nous.
Je te veux étrange et connu, tendre et violent, sans jamais te connaître. Tu es l’instant, le présent devant moi.
Je t’aime comme la lune qui me blanchit sans orbites, aveugle, elle m’éclaire la nuit.
Disparue, je la sens proche, m’appartenant peut-être, dans mes rêves



Je vous aime comme je respire
Marguerite Duras, ‘Le Ravissement de Lol V. Stein’